nouvelle sur le forum mais déjà 30 ans dans la vie

Bonjour!

Venant de m´inscrire sur le forum,je réponds à l´invitation de se présenter. Je viens d´avoir 30 ans et je peux maintenant dire que je vis en paix avec mes particularités intellectuelles, ce qui n´a pas toujours été le cas.
Mes parents m´ont raconté que,bébé,je n´ai pas eu un développement moteur spécialement précoce mais que j´ai commencé à parler à dix mois et qu´à un an,j´associais déjà des mots ensemble. Vers deux ans,je posais des questions qui déstabilisais les adultes et ne supportais pas la compagnie des enfants de mon âge, cherchant celle des plus grands. Enfant,j´étais sensible et irrascible. A l´école,décrite comme désordonnée et pas travailleuse,mais certains instituteurs s´étaient attachés à moi et réciproquement. J´étais curieuse de tout et savais bien reconnaître un instituteur qui lui aussi s´intéressait aux matières qu´il enseignait.
A l´adolescence,j´ai connu une période d´échec scolaire et de comportements à la limite du vandalisme. Je m´étais trouvé un petit copain qui était comme moi et,ensemble,nous avions plus ou moins décidé de redoubler. C´est à cette ocasion que j´ai été testée par le psychologue de l´orientation professionnelle. J´avais 140 de qi et j´étais assez compétente pour rester dans ma section. J´ai eu droit à quelques séances de logopédie pour améliorer l´organisation de mes révisions et c´est tout. A l´époque,on parlait encore peu de hpi et ce n´est peut-être pas une mauvaise chose pour moi que je n´aie pas été stygmatisée. Par contre, cela aurait peut-être évité à mon ami un long et difficile parcours d´échec et de déviance, mais c´est une autre histoire.
A la fin de l´adolescence, j´ai su me trouver des amis avec qui je pouvais débattre de sujets variés et j´ai eu la chance d´avoir des professeurs qui ont su tenir mon attention. Sauf en maths. Là,j´entrais dans le shéma classique de comprendre très vite le début d´un chapitre,m´ennuier,ne plus écouter les explications et décrocher. J´avais aussi quelques problèmes avec l´apprentissage par coeur.
Au moment de passer mon bac,j´ai dû me choisir une orientation. Je n´arrivais pas à choisir car tout m´intéressait. Alors j´ai choisi de ne pas choisir et me suis orientée vers la pédagogie spécialisée et plus particulièrement le polyhandicap: biologie, aptitudes cognitives, sociales,sociologie: j´avais trouvé la branche qui me permettais de m´intéresser à tout! Je me suis sentie très à l´aise dans mes études universitaires mais ai réalisé que j´étais différente des autres. Leurs conversations m´ennuiaient,j´avais de la peine à me faire comprendre,j´étais très sensible à la critique et me sentais toujours seule et différente. Et puis j´étais une jeune femme et je ne savais déséspérément pas draguer.
Et puis j´ai appris à reconnaître ceux qui,comme moi,étaient curieux au point qu´apprendre et surtout questionner étaient des besoins fondamentaux. Des gens qui n´avaient pas peur de s´intéresser à ce qui dérange le quotidien, de poser les questions qui dérangent et bouleversent ce que l´on croit savoir. J´ai rencontré en particulier un ami qui m´a appris que ma particularité était une force et qu´il ne fallait pas en rougir. Il m´a appris à vivre avec et à entretenir des rapports respectueux et constructifs avec les gens `normaux´.
Maintenant,je travaille avec des personnes polyhandicapées. Je pense que c´est le fait d´avoir choisi ce que j´avais le moins de facilité à comprendre, les relations sociales, qui m´a permis de garder un intérêt pour mon champ d´études, de les terminer, et de me passionner pour mon travail. Pour moi, les implicites ne sont pas forcément évidents. Quelqu´un qui rit n´est pas forcément heureux. Ces doutes sont fondamentaux dans le polyhandicap et c´est ma force professionnelle. Les personnes dont je m´occupe sont plus proches de moi que ce que l´on peut croire. Elles comme moi,pour des raisons différentes,sommes toujours en quête de compréhension. Elles parce qu´elles vivent dabs un monde compliqué,incontrôlable et imprévisible et moi parce que l´étendue de ce que je sais soulève des questions qui rend mon monde tout aussi complexe.
Ma principale difficulté professionnelle est de me faire comprendre de mes collègues et supérieurs. J´ai été très frustrée à cause de cela mais avec l´expérience j´ai appris à m´expliquer et eux ont aussi appris à m´écouter, ce qui leur a demandé beaucoup de patience.

Si j´ai des amis,j´ai encore souvent besoin d´être seule,de lire,de calculer,de peindre ou simplement de réfléchir. J´ai aussi besoin de côtoier des gens qui sont comme moi. Mais pas seulement! J´ai des rapports un peu explosifs avec les autres hpi. J´en ai besoin mais à petites doses. J´ai constaté que je m´en sors mieux dans la vie que pas mal d´autres: formation, emploi, pas d´usage de drogues ni de problème psychiatrique ni de peur du succès. Je pense que c´est en partie parce que mes parents m´ont présenté la curiosité intellectuelle comme une qualité et même comme une valeur et m´ont appris à ne pas en avoir honte.

Je me sens toujours un peu seule et un peu différente mais maintenant, je n´échangerais ma condition pour rien au monde.

Bonjour marie, et bienvenue
Ton histoire ne m'est pas inconnue, je m'y retrouve, ainsi que celle de mon fils : il a parlé dès 10 mois, bien avant de savoir marcher
Quant à ton besoin de solitude, je le partage. J'ai coutume de dire que je n'ai pas l'instinct grégaire Tout en ayant besoin des autres, finalement je reviens souvent à moi-même et à ceux qui partagent ma vie, labellisés ip.

A très bientôt
zowie

bienvenue marie!

merci pour vos messages de bienvenue!

J´écris avec un téléphone portable et je m´excuse pour mes nombreuses fautes de frappe.

Je me suis promenée sur le forum et me suis particulièrement intéressée aux questions professionnelles.

J´ai constaté que vous étiez nombreux à avoir aussi eu de la peine avec vos supérieurs et à avoir pensé changer de voie, peut-être par ennui. Je suis souvent sortie démontée de mes entretiens avec mes supérieurs: sentiment de ne pas savoir se faire comprendre, échec. C´est assez insécurisant de dépendre de personnes qui anticipent moins bien que soi les problèmes, de ne pas être entendue lorsqu´on les signale, et de devoir faire confiance à ces supérieurs. Le seul chef à qui je faisais complètement confiance était brillant et passait pour tyrannique (il l´était). Il exposait toujours le sens de ce qu´il faisait et nous le demandait. Il était beaucoup plus expérimenté et plus intelligent que moi et c´était très confortable de pouvoir me reposer sur lui.

J´ai commencé à suivre des cours deformatrice d´adultes et leur contenu m´ont été très utiles pour traduire mes pensées en mots intelligibles. Cela a beaucoup amélioré mes rapports avec ma hiérarchie actuelle. D´ailleurs, je suis sortie de bonne humeur de mon dernier entretien!

Bonjour Marie.

Bonjour Marie!

Je suis également nouvelle sur ce forum, mais je retrouve énormément dans tes propos. Je te souhaite par consequent, une bonne continuation et au plaisir de discuter avec toi.